Ask a question or
Order this book


Browse our books
Search our books
Book dealer info



Title: Lettre autographe signée et enveloppe adressée à la Comtesse Potocka. Maupassant sur l'Angleterre: : « J'en ai eu plein les yeux ; mais j'en aurais plein le dos si je les avais entendus. »
Description: Aylesbury, Angleterre 10 août 1886, 10,1x15,3cm, 4 pages sur un feuillet double. Amusante lettre autographe signée de Guy de Maupassant à la comtesse Potocka, 76 lignes à l'encre noire sur un feuillet double à en-tête de Waddesdon, Aylesbury. Enveloppe jointe. Publiée dans Marlo Johnston, « Lettres inédites de Maupassant à la comtesse Potocka », Histoires littéraires, n°40, octobre-novembre-décembre 2009. Maupassant a beaucoup voyagé au cours de sa vie : Algérie, Tunisie, Italie, Angleterre... À l'époque de cette lettre, il se trouve à Aylesbury en Angleterre, invité au manoir Waddesdon du baron de Rothschild. Celui-ci avait organisé le 7 août une fête exceptionnelle qui réunit trois cents invités de marque. Contradictoire lorsqu'on sait la force avec laquelle Maupassant se dé­fendait d'être mondain. En décrivant ses activités à la comtesse, il peint un portrait à l'acide de la société an­glaise. Il s'excuse auprès de la comtesse de cette absence prolongée : « Oui, Madame, je suis resté en Angle­terre un peu plus que je n'avais pensé le faire. Je n'ai pu d'abord résister aux instances du baron de Rothschild qui prétendait me retenir un mois ; et puis cette vie nouvelle m'a parue curieuse à beaucoup d'égards, bien que triste. » Le pays n'a été que moyennement à son goût mais il a trouvé une façon de s'en accommoder : « C'est triste ici, mais reposant et je goûte un plaisir bizarre, un vrai plaisir solitaire à me trouver au milieu de gens qui ne m'entendent pas et que je ne comprends point. » Il en profite pour en déduire une règle de voyage qu'un Des Esseintes n'aurait pas désavouée s'il avait effectivement foulé le sol anglais : « Si j'avais un conseil à donner aux jeunes hommes, ce serait celui-ci : « N'apprenez jamais les langues étran­gères et voyagez souvent à l'étranger. » Il n'y a rien de plus agréable que de regarder les gens causer, rire, mimer ce qu'ils disent sans avoir la fatigue inutile de suivre, de comprendre ce qu'ils pensent, et celle, plus grande, de leur répondre. » Les Anglais en sont pour leur frais quand ils ren­contrent Maupassant : « Je me sens en sûreté au mi­lieu de ces êtres-là, tranquille comme s'ils étaient en cage, et quand ils essayent, par politesse (car ils sont très polis) de baragouiner quelques mots de français je leur fais répéter vingt fois chaque phrase, en feignant de ne point comprendre, pour leur ôter tout désir de recommencer. » Même les catégories sociales les plus hautes ne sont pas épargnées par son humour grinçant : « J'ai pas­sé deux jours avec l'archevêque de Canterbury à qui on m'a présenté comme un égyptologue pour ne point alarmer sa conscience sacerdotale. » La royauté comme le peuple ne trouvent pas plus grâce aux yeux de Maupassant : « Je viens de passer trois jours (suprême honneur) sous le même toit que l'héritier du trône (au 2nd degré) qui me fait l'effet d'un superbe échantillon d'un crétinisme auquel aboutissent les races royales. J'ai vu des lords, des généraux, des ambassadeurs, des ministres, toute la ménagerie humaine de ce pays. » Même les femmes ne sont pas ménagées et Maupassant sai­sit l'occasion de leur description pour complimenter la comtesse : « Point de jolies femmes. Elles sont as­sez fraîches mais sans grâce, sans élégance, sans piment. Sans vouloir vous faire un compliment vous êtes infiniment plus belle que les plus belles personnes montrées ici. Et pourtant j'aime assez les blondes - qui tiennent ce que promettent les brunes - à ce qu'on dit - et c'est vrai. » Il est inté­ressant de noter que la comtesse était d'origine médi­terranéenne (née Emmanuella Pignatelli di Cerchiara) et avait par conséquent les cheveux bruns. Alors qu'il a fréquenté la meilleure société, qu'il a visité la ville d'Oxford et malgré les charmes de la cam­pagne anglaise, Maupassant ne trouve décidément au­cune grâce à ce pays. Il le quitte sans regret ne laissant qu'un télégramme laconique à l'un de ses compagnons de voyage : « J'ai trop froid, cette ville est trop froide. Je la quitte pour Paris ; au revoir, mille remerciements. » Pour résumer à la comtesse l'expérience de son séjour, il conclut sa missive par une sentence sans appel pour la nation anglaise : « J'en ai eu plein les yeux ; mais j'en aurais plein le dos si je les avais entendus. » Provenance : collection Jean Bonna. - Aylesbury, Angleterre 10 août 1886, 10,1x15,3cm, 4 pages sur un feuillet double. [AUTOMATIC ENGLISH TRANSLATION FOLLOWS] 42972

Keywords:

Price: EUR 5000.00 = appr. US$ 5434.23 Seller: Librairie Le Feu Follet
- Book number: 60702

See more books from our catalog: Littérature - Envois autographes d'auteurs & Manuscrits