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Title: Lettre autographe signée adressée à Maurice Levaillant
Description: Paris Lundi [9 février 1920], 15,3x19,3cm et 16,1x10cm, 7 pages sur 2 doubles feuillets et une enveloppe. Très longue lettre autographe signée inédite de Marcel Proust adressée à Maurice Levaillant, rédigée à l'encre noire et accompagnée de son enveloppe comportant la mention «?personnelle?» de la main de Marcel Proust. Une amusante coquille de l'auteur sur cette même enveloppe, qui indique «?au Figao [sic]?». Quelques soulignements de la main de Proust. La lettre autographe est présentée sous une chemise en demi maroquin vert sapin, plats de papier marbré, contreplats doublés d'agneau vert, étui bordé du même maroquin, ensemble signé Goy & Vilaine. Le 10 décembre 1919, soit quelques mois avant la rédaction de cette lettre, Proust achève sa quête du Graal?: à l'ombre des jeunes filles en fleurs reçoit le prix Goncourt. À six voix contre quatre, le «?vieil?» auteur coiffe au poteau son jeune concurrent Roland Dorgelès dont les très prometteuses Croix de bois étaient données favorites. «?Le prix apporta à Proust cette gloire soudaine à laquelle il avait aspiré depuis trente ans. Le jour suivant, il y eut vingt-sept articles dans les journaux, et la centaine fut dépassée avant la fin janvier.?» (George D. Painter, Marcel Proust. 1904-1922?: les années de maturité, Paris, Mercure de France 1965). Mais lesdits articles ne sont pourtant pas tous élogieux?: on reproche sa récompense à Proust, lui qui n'est pas un ancien combattant et on imagine même que l'octroi du prix à l'auteur des Jeunes filles est le fruit d'une intrigue politique d'extrême-droite orchestrée par Léon Daudet, membre du jury et ami de Proust. L'écrivain, soucieux de son image médiatique, sollicite alors des articles auprès de la presse, tout comme il le fait auprès de Maurice Levaillant, chroniqueur littéraire au Figaro. Trois lettres connues à ce destinataire, datées respectivement des 24 janvier, 25 janvier et 9 février 1920, retracent les rouages des réclamations et des attentes de Marcel Proust. Dans cette lettre datée du 9 février 1920, Marcel Proust fait part à Maurice Levaillant de ses réactions quant à l'article intitulé «?Du côté de chez les Goncourt?» qu'il lui a consacré et qui est paru la veille. L'écrivain explique tout d'abord au journaliste qu'après avoir tenté de le joindre par téléphone il s'est déplacé en personne aux bureaux du Figaro, «?pour la première fois depuis la mort de Calmette?!?», pour s'entretenir avec lui. Le récit de ces pérégrinations montre à quel point Proust, alors sujet à la maladie qui le contraint de rester alité, accorde de l'importance aux articles qui lui sont consacrés. Le décor étant planté, Proust adresse à son confrère des remerciements chaleureux?: «?J'ai lu votre article «?Du côté de chez les Goncourt?» et je vous en suis très reconnaissant [...] J'y ai de plus trouvé de très jolies choses.?». Pourtant, immédiatement ensuite la sentence tombe?: «?Mais malgré cela laissez-moi vous dire que j'ai été un peu désappointé?» ; Proust déçu explique à Levaillant «?si vous parcouriez votre article, comme le fera le lecteur, vous verriez qu'il semble ne pas m'être favorable?». L'expéditeur prolifique confirme à son destinataire vouloir lui expliquer les raisons de son désappointement «?de vive voix?»?: «?Nous n'en sortirions pas si nous entrions par correspondance dans cette discussion.?». Pourtant, Proust se lance ensuite dans une longue explication?: «?Je ne m'attarderai pas à regretter que vous n'ayez cité aucun des articles que je vous avais envoyés, ni le mien sur Flaubert.?» Cette phrase montre la dextérité avec laquelle Marcel Proust a œuvré, dans l'ombre, en véritable chef d'orchestre, fournissant à son correspondant le matériel nécessaire à la rédaction d'un article dont il attendait beaucoup. Cette lettre est également un précieux témoignage de l'estime de Marcel Proust envers Jacques Rivière, qui avait d'ailleurs publié une note louangeuse à propos du prix Goncourt de son confrère dans la NRF du 1er janvier 1920, qualifiant l'auteur des Jeunes filles de «?plus rajeunissant?» des romanciers. Le critique récidive un mois plus tard, signant un article beaucoup plus long et étoffé intitulé «?Marcel Proust et la tradition classique?». C'est justement cette chronique dithyrambique que cite Proust dans notre lettre?: «?étant donné mon désir que d'une façon ou d'une autre Le Figaro donne des extraits de l'article de Rivière dans la Nouvelle revue française du 1er février [...] et de mon article sur Venise des Feuillets d'art [...], êtes-vous certain de pouvoir donner ces extraits?? Si vous ne le pouvez pas à qui me conseillez-vous de m'adresser?? À l'administrateur??... et en lui demandant quoi???» Pour enjoindre Levaillant à mener cette mission à bien, Proust lui fait comprendre qu'il s'agirait pour lui d'une seconde chance arguant que «?le second échec serait plus grand pour [lui] que le 1er?». Persuasif, il cite l'énéide de Virgile?: «?Ce serait l'""alter aureus"" qui se présenterait pour moi, Levaillant ""deficiante""?» («?Primo avolso non deficit alter aureus, et simili frondescit virga metallo?» - À peine le rameau est-il arraché, qu'un autre renaît soudain, et que la tige ravivée pousse des feuilles du même métal). L'histoire ne dit pas si Levaillant céda à cette imagée tentative de persuasion. à travers cette lettre demeurée à ce jour inédite, apparaît un Proust anxieux qui tente de façonner son image de jeune lauréat du prix Goncourt à l'aide de l'impitoyable machine qu'est la presse littéraire des années 1920. - Paris Lundi [9 février 1920], 15,3x19,3cm et 16,1x10cm, 7 pages sur 2 doubles feuillets et une enveloppe. [AUTOMATIC ENGLISH TRANSLATION FOLLOWS] 43132

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Price: EUR 10000.00 = appr. US$ 10868.47 Seller: Librairie Le Feu Follet
- Book number: 62610

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