Author: MIKHAEL EPHRAÏM Title: L'automne
Description: S.n. , s.l.(Paris) 1886, 16x23,5cm, relié. Edition originale sur Hollande. Reliure à la bradel en demi vélin, dos lisse, titre à l'or, plats de papier à motif floral, reliure signée Thomas Boichot. Bel et rare exemplaire. Edition originale du premier et unique recueil de poèmes d'Ephraïm Mikhael, un des rares exemplaires sur Hollande. Un poème manuscrit autographe de deux pages intitulé ""L'automne"", comportant quelques corrections d'Ephraïm Mikhael, inaugure cet ouvrage d'une insigne rareté. Première œuvre publiée du jeune poète alors âgé de vingt ans, L'automne paraît la même année que les Illuminations d'Arthur Rimbaud. Cette plaquette de 14 poèmes marqués par une mélancolie intense et profonde assura la célébrité de Mikhaël : « Ce jeune homme, cet enfant, laissait un livre qui, tant qu'on parlera la langue française, sera lu, relu, admiré » (Catulle Mendès). Parfaits pendants des tableaux de Gustave Moreau, hantés de mirages et d'Orient fabuleux, (« La reine de Saba », « Le Mage », « L'Etranger »), les souples alexandrins de Mikhaël rappellent l'influence des maîtres du jeune poète, Baudelaire et Mallarmé. Fréquemment cité dans les anthologies du symbolisme, ce recueil fut aussi considéré comme une des premières œuvres du mouvement, qui naît également en 1886 avec le manifeste du symbolisme écrit par son ami Charles Moréas. Choisi par Ephraïm Mikhaël comme titre du recueil, le poème « L'automne » constitue la pièce maîtresse de cet ouvrage, dont notre exemplaire renferme le manuscrit autographe. Offrant un exemple pionnier de poésie fin-de-siècle, il annonce l'imminence d'une fin par l'évocation d'un paysage symbolique, à la fois naturel et spirituel. L'automne n'est plus seulement, comme chez les romantiques, la représentation d'un état d'âme mais l'expression d'un espoir puis d'une sublime décadence du poète et de son poème : « C'est l'altière saison des grappes empourprées Des splendeurs de jeunesse éclatent dans les champs. Si j'allais me mêler aux foules enivrées De clairs raisins et si j'allais chanter leurs chants ? Je suis las à présent de mes rêves stériles Que j'ai gardés comme un miraculeux trésor. Je hais comme l'amour mes fiertés puériles Et la rose de deuil comme la rose d'or. » A la lecture des vers de ce poème, le jeune Ephraïm Mikhaël rappelle des Esseintes, l'égérie symboliste fringante et désabusée du roman d'Huysmans A Rebours, qui partageait ses vues désenchantées sur cette saison. Bel hommage à son mentor et ami Mallarmé, « L'automne » s'achève sur une vision crépusculaire (« Contemple les lueurs candides des grands cygnes / Glissant royalement sur les lacs bleus de soir ») faisant référence aux vers du Cygne mallarméen : « Ce lac dur oublié que hante sous le givre/Le transparent glacier des vols qui n'ont pas fui ! ». Le recueil L'automne, héritier des parnassiens et pionnier du symbolisme français fut l'unique chef-d'œuvre d'Ephraïm Mikhaël : « c'était le livre de la vingtième année, non pas pourtant un de ces livres de jeune, plein de savoureuses promesses, mais un livre achevé de fier et très haut poète » (Bernard Lazare). Considéré par Victor Hugo comme « l'espoir de la poésie française »[1], ce Rimbaud méridional injustement oublié fut emporté par la tuberculose à l'âge de 23 ans. Ephraïm Mikhaël figura parmi les précurseurs du symbolisme et fut unanimement acclamé et amèrement pleuré par le mouvement, qui perdit l'un de ses membres les plus prometteurs : « celui qui évoqua la nocturne dame déprise, l'hiérophante hautain et l'idéale vierge, n'est plus déjà. » (Préface de l'ouvrage posthume Poésies En Vers, Paris, Lemerre, 1890). » Comptant seulement trois ouvrages publiés du vivant de son auteur, l'œuvre d'Ephraïm Mikhaël bénéficia d'une précoce notoriété en tant qu'émule du Parnasse, et fut exhumée il y a peu de temps après une longue période d'oubli. Cet ancien élève de l'école des Chartes épris de culture classique signa en effet un unique recueil de poèmes (L'automne), et composa les toutes premières pièces de théâtre symbolistes, notamment La fiancée de Corinthe, avec Bernard Lazare, qu'il adapta avec Catulle Mendès en opéra. Dans une France à l'aube de l'affaire Dreyfus, le jeune Mikhaël, originaire de la communauté juive toulousaine, fut également considéré par certains comme un ambassadeur du judaïsme, qu'il revendiqua en abandonnant définitivement son nom francisé « Georges Michel » pour sa forme hébraïque. Au sein du lycée Fontanes, futur lycée Condorcet, ce jeune poète en recherche d'absolu dirigea dans l'esprit joyeux d'Alfred Jarry le groupe de La Pléiade, avec, entre autres, Rodolphe Darzens, Pierre Quillard et Saint-Pol-Roux. Marqué par l'émulation intellectuelle des débuts du symbolisme et la liberté grisante des années 1880 dont il demeura l'éternelle incarnation, son talent fut très vite reconnu par ses pairs : on le compta parmi les habitués des fameux ""mardis"" du poète Stéphane Mallarmé qui enseignait aussi à Condorcet. Mikhael fréquenta également Heredia, se lia d'amitié avec Villiers de l'Isle-Adam dans les cafés de Montmartre et fut rapidement invité à contribuer aux revues symbolistes, notamment La Basoche, La Pléiade, ou La Jeune France dirigée par Paul Demeny, destinataire de la célèbre Lettre du voyant de Rimbaud (« JE est un autre [...] »). Durant ses huit années d'activités littéraire, Ephraïm Mikhael produisit une œuvre conséquente, suggérant le mystère du monde, la magie et le prodige ; on y rencontre des thèmes baudelairiens, des mythes antiques (Briséis, « La reine de Saba ») et du moyen-âge chevaleresque sous l'influence de Wagner (« Siegfried », « Florimond »). Mikhaël abandonna le mètre pour quelques œuvres dramaturgiques, dont le Cor fleuri, sa « féerie en un acte » qu'il monta au Théâtre Libre en 1888. Souvent qualifié de Décadent au regard de son mélancolique recueil de poèmes L'automne, il suscita l'admiration de Mallarmé, Maeterlinck et surtout Catulle Mendès, qui signe une des plus belles élégies après sa tragique disparition : « Ses tristesses sont bien les siennes, et il pleure, le cher enfant, nostalgique de tant de ciels de jadis, — l'automne, c'est le passé, — des larmes que ses yeux seuls ont pleurées. » [1] Gilbert Lély, « Ephraïm Mikhaël », Nos Poètes, 15 fév. 1925, cité dans Ephraïm Mikhaël, Poèmes en vers et en prose, édités par Matthew Screech, Droz, 1994 - S.n. , s.l.(Paris) 1886, 16x23,5cm, relié. [AUTOMATIC ENGLISH TRANSLATION FOLLOWS] 43808
Keywords:
Price: EUR 4500.00 = appr. US$ 4890.81 Seller: Librairie Le Feu Follet
- Book number: 69070
See more books from our catalog:
Littérature - Editions originales