Author: GOULD ANNA Title: Album photographique d'Anna Gould, héritière américaine de la Belle-Epoque
Description: New York, Boston & Philadelphie s.d. (circa 1890), 22x30cm, relié. Album constitué de 46 photographies originales inédites, 30 au format carte postale (10,7x16,5cm), les 16 dernières au format carte de visite (6,2x10,4cm). Toutes sont contrecollées sur des cartons de studios photographiques américains principalement de New York, Boston et Philadelphie. Reliure en plein cuir grainé marron présentant des frottements, dos à quatre faux nerfs se poursuivant sur les plats bordés d'un filet noir, gardes et contreplats de papier à motifs doré encadrés d'une dentelle dorée, toutes tranches dorées, fermoir en laiton intact. Les photographies sont insérées dans des pages cartonnées sous passe-partout : les plus grandes photographies sont présentées seules, les petites par quatre. Quelques passe-partout présentent des déchirures réparées à l'adhésif. Unique album photographique ayant appartenu à la richissime héritière américaine Anna Gould, malheureusement réputée pour sa laideur, seul témoignage de ses années de jeunesse, précédant son arrivée remarquée - notamment par le jeune Marcel Proust - dans le Paris de la Belle Epoque. Seconde fille du magnat des chemins de fer et self-made man Jay Gould (1836-1892), Anna Gould (1875-1961) vécut une jeunesse dorée, entourée de nombreuses amies new-yorkaises et bostoniennes dont les portraits sont immortalisés dans cet album : Irene Goodwill, Elizabeth Falconer, Lucie Elizabeth Taylor Hagenbuch, Beatrice R Kilmer, Olivia Clifford Harriman...Lorsque son illustre père tomba malade, elle fut envoyée dans un pensionnat pour jeunes filles aisées de Philadelphie. A la prestigieuse Ogontz School for Young Ladies, elle fit la connaissance de plusieurs autres camarades dont les photographies - dédicacées au dos par les intéressées - apparaissent dans cet album : Mathi Hutchinson, Frances E. Thompson, etc. Les clichés renvoyant à cette période présentent, pour certains d'entre eux, la mention manuscrite « Ogontz » au dos et sont datées entre 1890 et 1893. Orpheline de mère et oppressée par le carcan familial, la jeune Anna semble s'être entourée dans cet établissement d'une véritable sororité. Cette impression est renforcée par l'absence, dans cet album, de photographies de famille hormis deux de l'un de ses frères aînés - Edwin Gould (1866-1933) - en tenue militaire. Il fondera en 1923 l'Edwin Gould Foundation, venant en aide aux enfants défavorisés. En 1892, à sa mort, Jay Gould - à la tête de l'une des plus grandes fortunes de l'Amérique - lègue à ses enfants un héritage considérable. La jeune Anna, âgée de 18 ans et fiancée à l'acteur Harry Woodruff, est contrainte, sur les instances de son frère George, de renoncer à cette union. Leur père Jay Gould avait en effet, en contrepartie du legs conséquent qu'il leur transmettait, prévu dans son testament que si l'un de ses descendants se mariait contrairement à l'avis de ses frères et sœurs, il serait contraint de leur rétrocéder la moitié de sa part d'héritage. Le 4 mars 1895, Anna Gould épouse donc en grande pompe à New York le Comte Boniface de Castellane, dit Boni, rencontré au printemps 1894 chez Fanny Read, amie de la famille Gould. Les journaux louent la beauté du marié mais se passent de commentaires quant à Anna. La dureté des propos employés par ses contemporains - Robert de Montesquiou disait d'elle qu'« elle [avait] les yeux d'un singe, d'un singe qu'on a pris en captivité » - contraste avec les photographies inédites que contient l'album, d'une jeune fille posant fièrement, parfois entourée de ses amies. Ignorant ces heureuses images de son passé, elle fut peinte pour l'éternité dans cette attitude physique déplaisante qui, de nos jours encore, demeure l'un de ses traits biographiques dominants : « Petite, mal bâtie, les jambes courtes, le dos rond, la tête enfoncée dans les épaules. Mais le plus consternant, c'est son visage : qu'importeraient son teint blafard, ses cheveux noirs crépus, son nez fort, ses lèvres épaisses, son menton un peu prognathe, ses yeux noirs aux lourdes paupières surmontés d'épais sourcils charbonneux, si seulement cette figure était illuminée de l'ombre d'un sourire, d'une minuscule flamme de vie, de joie, de curiosité. » (Laure Hillerin, Pour le plaisir et pour le pire. La vie tumultueuse d'Anna Gould et Boni de Castellane, Flammarion, 2019). Rêvant d'une vie à Paris qui la libèrerait de la tutelle familiale, Anna quitte New York pour la France en compagnie de son mari, impatient de la présenter à l'aristocratie parisienne. Ce mariage d'intérêt ne fut jamais heureux et le dandy Boni dépensa bien vite la fortune de sa femme, dénigrant cette dernière qu'il qualifiait de « belle, vue de dot ». Lassée du comportement volage et des excentricités de Boni qui donne de fastueuses fêtes pour le Tout-Paris dans leur célèbre Villa Rose, Anna obtient le divorce en 1906 et se remarie deux ans plus tard avec Hélie de Talleyrand-Périgord (1859-1937), cousin de son premier époux. Ce remariage n'échappe pas à Marcel Proust - entretemps devenu l'ami de Boni de Castellane - qui, dans une lettre adressée à Reynaldo Hahn déclare : « Mais je crois que pour lui Gould est surtout Gold » (Lettre du 3 janvier 1908). Cette union, pas plus heureuse que la précédente, durera plus de trente ans. Accablée par les procès et les malheurs - le suicide de l'un de ses fils et la mort d'Hélie en 1937 - Anna retournera vivre aux Etats-Unis à l'aube de la seconde guerre mondiale. Sur les instances de sa fille, elle ne reviendra à Paris qu'en mai 1961 pour y mourir quelques mois plus tard. - New York, Boston & Philadelphie s.d. (circa 1890), 22x30cm, relié. [AUTOMATIC ENGLISH TRANSLATION FOLLOWS] 43917
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Price: EUR 2000.00 = appr. US$ 2173.69 Seller: Librairie Le Feu Follet
- Book number: 69833
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